Les îles Vestmann: l?éruption de l?Eldfell, le 23 janvier 1973
Depuis le début de l?occupation humaine, les habitants des îles furent constamment soumis aux caprices de la  nature.
Autant d?épreuves qui expliquent peut-être le fameux sang-froid dont ont fait preuve les insulaires lors des événements relatés ci-dessous.

C?est ainsi que le 23 janvier 1973 sans le moindre signe avant coureur, l?île d?Heimaey fut le théâtre d?une gigantesque éruption volcanique.
Dix ans plus tôt, les insulaires avaient pourtant observé la naissance de la nouvelle île de Surtsey qui émergea le 14 novembre 1963 au Sud-Ouest d?Heimaey. Les hommes se rappelèrent alors du fabuleux pouvoir de destruction des phénomènes volcaniques.
L?éruption débuta soudainement le 23 janvier 1973 à 1H45 du matin. Après une série de secousses telluriques qui ne permettaient pas de prévoir les conséquences désastreuses, une fissure de 1800 m se mit à déverser des fontaines de lave rouge déchirant des volutes de cendres noires.
Par miracle, ce matin-là tous les bateaux de pêche étaient amarrés au port, le mauvais temps de la veille ayant obligé les pêcheurs à annuler leur sortie en mer.
Avec la bénédiction d?une accalmie météorologique peu habituelle à cette période de l?année, l?évacuation des 5200 insulaires, qui durent quitter en hâte leurs habitations, se fit dans le plus grand calme.
Peu d?habitants comprirent alors ce qui se passait exactement, l?événement fut si soudain et imprévisible.

Durant les semaines qui suivirent, beaucoup d?entre eux assistèrent à l?anéantissement d?une vie de travail, engloutie sous des mètres de cendres ou de laves.
Ceux qui restèrent, étaient trop occupés par les opérations de sauvegarde de tout ce qui pouvaient être sauver du feu et des laves, pour penser à autre chose. Beaucoup de personnes, plus particulièrement les jeunes gens luttèrent nuit et jour contre le destin. Une autre fatalité guettait ceux qui s?étaient réfugiés en Islande. De peuple indépendant et autosuffisant, ils dépendaient désormais des autres, en attendant un imprévisible retour sur leur île.
Même si la rapide désertion de leurs maisons n?avait pas entamer l?endurance et la persévérance des insulaires, il faut bien avouer que la tension augmenta encore dans les semaines qui suivirent.
Les gens commencèrent à réaliser l?étendue du désastre et personne ne pouvait prévoir quand ils pourraient retourner sur leur île.

Une des préoccupations prioritaires concernait la crainte de voir obstruer le port, cerné par les laves.
Or, ce port, le premier du sud de l?Islande, était vital pour la survie des insulaires: sans lui Heimaey risquait bel et bien de devenir une ville fantôme.
L?opération la plus urgente à réaliser, consistait à refroidir la lave et construire des digues protectrices, pour ralentir et stopper la coulée.
Après avoir trouver des pompes suffisamment puissantes pour déverser toute l?eau nécessaire afin de retenir la coulée de lave, il devint rapidement évident que le refroidissement de la lave par l?eau était le meilleur procédé pour prévenir de la fermeture du chenal d?entrée au port.
L?éruption de Surtsey avait duré 4 ans et demi et il était impossible de prédire la fin de l?éruption de l?Eldfell sur Heimaey, même s?il était manifeste que les insulaires ne perdaient pas l?espoir de retourner un jour dans leur île.
L?éruption volcanique s?arrêta fin juin.

Le 26 juin, les dernières explosions ont lieu dans le cratère, le 28, la coulée s?immobilise. L?éruption aura duré 157 jours !
L?Eldfell, qui mesure alors 225 mètres de haut, a émis 250 millions de mètres cubes de produits volcaniques dont 90% sous forme de coulées basaltiques.
L?île d?Heimaey s?est agrandie de 2,5 kilomètres carrés; le port est encore mieux protégé qu?avant l?éruption, grâce aux coulées qui l?ont partiellement fermé.
Le bilan est lourd cependant: 300 maisons ont disparu sous la lave, une centaine sont enfouies sous la cendre.
Les dégâts sont estimés à 200 millions de francs.
Les deux tiers des insulaires retournèrent dans l?île durant les mois qui suivirent. La reconstruction débuta, et l?activité quotidienne repris son cours, après cette nuit tragique.

Refroidissement de la coulée de lave 
Dès le premier jour de l?éruption, les professeurs Þorbjörn Sigurgeirsson, Trausti Einarsson et Leó Kristjánsson, géologues et physicien, visitèrent l?île. Ils étudièrent la possibilité de retarder l?avancée de la lave menaçant la ville, en la refroidissant par de l?eau pompée dans la mer. 
La première tentative pour contenir le flot de lave en l?arrosant d?eau froide débuta deux semaines après le commencement de l?éruption, au  moment où la lave menaçait de fermer l?entrée du port. Les pompiers commencèrent à pomper l?eau de l?océan et à la déverser sur le front de la coulée, avec quelque succès. Mais il fallait des pompes beaucoup plus puissantes. Le bateau-pompe Sandey arriva le 1er mars et se mit à déverser l?eau de mer à raison de 400 litres par seconde sur un front de lave de trente mètres de haut. L?effet fut immédiat, mais des pompes plus puissantes encore s?avérèrent nécessaires. Elles arrivèrent par avion des Etats-Unis le 26 mars et entrèrent en action quatre jours plus tard. Quelque 6,2 millions de tonnes d?eau furent ainsi déversées, empêchant la fermeture du port. 75 hommes travaillèrent d?arrache-pied à cette opération dangereuse de sauvetage, nécessitant le transport des tuyaux sur la lave incandescente. Et la coulée fut arrêtée.

Comment fut baptisé le nouveau volcan ?
Rapidement il est question de trouver un nom au nouveau volcan, et chacun avait son opinion.
La question est posée dans Morgunbla?i? (le principal quotidien islandais) et les suggestions arrosèrent le quotidien et la radio islandaise.
Beaucoup de personnes souhaitaient le nommer la Montagne de l?Église (Kirjkufell) parce que l?Éruption débuta sur la ferme du même nom.
D?autres suggérèrent la Montagne qui Gronde, la Montagne de la Ville, la Montagne Effrayante ou la Montagne du Prophète.
Au total 30 noms furent retenus.
La décision du comité chargé de nommer la montagne fut annoncée le 24 Avril 1973. La nouvelle montagne devrait désormais s?appeler la Montagne de Feu (Eldfell). Tout le monde n?était pas satisfait par ce nouveau nom. Le 23 janvier 1974 le professeur de géologie Dr Sigurður Þórarinsson écrivit au maire des îles Vestmann, Magnús Magnússon pour lui signaler qu?il ne faisait pas partie du comité, contrairement à ce que prétendaient les informations diffusées par la radio. Il n?était donc pas responsable de ce nom très commun et sans originalité: "Montagne de Feu ne signifie rien d?autre que volcan et je trouve qu?il n?est pas  nécessaire de rappeler aux habitants de l?île que la nouvelle montagne est un volcan. Je préférais la Montagne de l?Église. C?est un nom simple et correspondant mieux à l?histoire locale. De plus, il s?accordait bien avec Helgafell (la Montagne Sacrée) qui est juste à coté, cette montagne a également, d?une certaine manière, sauvé la ville puisque l?éruption a débuté sur la face opposée de la Montagne Sacrée". 

Le quartier général à Reykjavík, Hafnarbúðir durant l?éruption
Dès les premiers jours de l?éruption, la ville de Reykjavík mis à disposition un immeuble pour installer le quartier général durant toute la durée de la catastrophe. Les opérations de secours et de rapatriement des biens purent être rapidement mises en place. Durant le premier jour, 11 lignes téléphonique supplémentaires furent installées ainsi qu?un standard téléphonique de 16 lignes. Il n?y a eu jamais réellement le temps de planifier les opérations de secours.
Chaque nouvelle situation créait de nouveaux problèmes, qu?il fallait résoudre le plus vite possible.
Le travail s?organisait en fonction de l?état d?urgence de chaque problème.
Durant les premiers jours, il fallut répondre à tous ceux qui recherchaient des nouvelles de leur famille ou amis et l?endroit où ils étaient hébergés. Les insulaires souhaitaient également retourner sur l?île pour chercher l eur vêtements et affaires personnelles. La Croix Rouge aida les premières victimes en les hébergeant provisoirement et en réalisant une liste des nouvelles coordonnés de 4000 personnes.
Les efforts conjugués de la çroix Rouge et du Quartier Général prouvèrent à maintes reprises, l?efficacité de l?équipe.
Beaucoup de volontaires Islandais et d?ailleurs aidèrent la Croix Rouge dans son travail.
Les écoles de Reykjavík, les entreprises, les institutions et diverses organisations donnèrent tous ce qui pouvaient aider d?une manière ou d?une autre.
De nombreuses demandes pour aller sur l?île furent traitées par le Département de la Défense Civil en charge du trafic.
L?organisation des passages devenait un des problèmes cruciaux le plus consommateur de temps.
Des cartes d?identification spéciales furent délivrées aux insulaires.
Ces cartes précisaient ce que pouvait faire chaque insulaire et sans cette carte d?identification, personne ne pouvait récupérer les affaires personnelles transportées à Reykjavík.
Toutes les affaires non réclamées, furent remises au service des objets trouvés de Reykjavík. Le transport des objets réclamés vers les nouveaux lieux de résidence des insulaires fut également organisé.
Beaucoup de personnes avaient abandonner leurs maisons en hâte et possédaient peu d?argent liquide. La Croix Rouge répartit l?argent provenant de diverses donations pour aider les insulaires.
De même que pour les donations provenant des Institutions Religieuses et des Fondations d?Aide à la Jeunesse qui furent distribuées sous la responsabilité des fonctionnaires de la ville. Un groupe de femmes Islandaises organisèrent bénévolement la distribution de boissons chaudes dans une cafétéria de Hafnarbú?ir dès le 25 janvier.
L?Association Féminine d?Heimaey fut également volontaire. Les élèves de l?École Hôtelière préparèrent les repas durant les trois premières semaines. Une permission spéciale fut donnée par le Ministre de l?Enseignement pour fermer l?École durant cette période. Six cents repas furent préparés et distribués.
Les volontaires qui travaillaient 24H/24H dans les entrepôts où étaient gardés les affaires ramenées d?Heimaey, eurent ainsi des repas chauds durant leur travail. Au fur et à mesure que les insulaires trouvèrent des habitations, la demande en repas diminua, mais la cafétéria resta le lieu de rencontre principal.
Le Comité d?Hébergement démarra immédiatement la recherche de logements pour chacun.
Beaucoup de personnes furent hébergées provisoirement dans des écoles où locaux équivalents.
La capacité de donner asile à autant de personnes en si peu de temps attira l?attention du monde entier.
Mais les insulaires eurent rapidement besoin de logements plus définitifs.
Toutes les offres d?appartements, de studios, de résidences secondaires et de bâtiments accueillant les colonies de vacances furent utilisées.
La plus importante aide vint de l?attribution des résidences secondaires d?Ölfusborgir à partir du 28 janvier, qui permit d?héberger 280 insulaires.
La fondation Islandaise aux Catastrophes Naturelles reprit rapidement la responsabilité de l?hébergement.
L?Agence National pour l?Emploi trouva du travail pour 200 personnes.
La réalisation d?émissions radiophoniques spéciales pour les insulaires permirent à de nombreux employeurs d?offrir du travail.
La Croix Rouge créa un service de conseils dans la Division de la Santé Publique.
Elle soutint également le fonctionnement de deux centres de Protection Infantile avec l?aide de la Fondation d?Aide Religieuse et fonda un centre
pour adolescent à Tónabær.

(Ce texte est basé sur le rapport d?activités des îles Vestmann à Hafnarbúðir par George H. Tryggvason, conseiller municipal, et la documentation de la Croix Rouge pour leur aide du 23 janvier à mi-février).  

La fondation aux catastrophes naturelles
La création de la fondation aux Catastrophes Naturelles a était décrétée par une loi parlementaire du 7 février 1973.
Le parlement procéda à l?élection du comité et le premier Ministre choisi le président et le vice-président.
Cette institution posséda le pouvoir exécutif dans les opérations de secours et de sauvetage des îles Vestmann.
La ville devait être débarrassée des cendres volcaniques, les maisons et autres constructions devaient être réparées et la population dédommagée pour ses pertes.
La fondation paya les différents remboursements des propriétaires, prêts et intérêts.
Des compensations furent versées pour les pertes et endommagements des biens personnels, ainsi que les pertes de salaires.
Sur les 1349 familles qui avaient abandonné leurs maisons le 23 janvier 1973, quelques 900 d?entre elles utilisèrent l?aide de la fondation pour emménager dans une trentaine de localités différentes en Islande.
Pour réaliser cette opération, la fondation acheta 542 maisons préfabriquées en Scandinavie.
Une étude réalisée auprès des insulaires permis de déterminer leurs implantations.
Quarante-six appartements furent également construits à Reykjavík et Hafnarfjöður.
La décision prise en Août 1973 permis à la fondation d?accélérer la reconstruction et la réimplantation des grandes entreprises et de leurs équipements.
Pour encourager le repeuplement, la décision de payer des compensations aux personnes souhaitant se réinstaller fut prise en Septembre.
Le 1er Octobre le conseil municipal assurait le contrôle exécutif.
Sur la carte sont indiquées les localisations choisies par la fondation pour édifier les logements et le nombre d?habitations pour chaque localités